De la collecte de témoignages à l'émission radio
LES HABITANTS NOUS RACONTENT LEURS HISTOIRES DE MAISONS
De janvier à mai 2015, les comédiens-collecteurs du THéâTRe aMOk ont rencontré près de 150 personnes du quartier Breil-Barberie, des enfants aux adultes. Ils ont mené des entretiens en groupe qui ont été le
point de départ de premières écritures... Des histoires de maisons vraies ou imaginaires...
Avec
la collaboration de la bibliothèque municipale du Breil, de la
Bibliothèque Paul Eluard, de la Maison de
quartier du Breil [Accoord], le Centre de
loisirs du Grand Carcouët, le Foyer de jeunes travailleurs Chanteclerc,
l'Orpan, l'Ehpad Bauséjour, le restaurant intergénérationnel de
Malville. Et les associations : Amel, Mini-flotte 44, Macla, Tiss-Amitié, l'accueil des
femmes des Restos du coeur, les Invent'arts de la Chézine et la Ressourcerie
[atelier du Retz emploi].
Collecte à la bibliothèque Paul Eluard | Avril 2015 |
MUSCLER L'IMAGINAIRE
RONAN CHEVILLER
Nous avons fait le choix d'une préparation longue avec les comédiens pour s'immerger dans le thème et choisir des premiers points de vue. Il faut muscler l'imaginaire, aller voir de tous les côtés comme ça respire, comment ça transpire.
La
première étape a été de visiter nos opinions, nos sentiments
personnels, d'échanger et de lire des livres, de se documenter. Nous
avions aussi l'expérience du précédent projet dans le quartier de
la Bottière à Nantes : "Des histoires en mémoire ou comment
ça a bien pu commencer." L'enjeu à partir du titre "La
maison qui marche sur l'eau" est d'entrer dans une rêverie sur
la maison, en partant de la phrase : "Que l'on vive dans une
maison ou un appartement, on dit la plupart du temps : je rentre à
la maison." Nous avons tout de suite senti qu'il fallait entrer
et sortir de son chez-soi, passer le seuil de différentes manières
pour changer de perspective, décrire des géographies qu'elles
soient urbaines ou rurales. A chaque fois, nous ne cherchons pas à
être des spécialistes mais notons les ressentis, ce qui fait nous
fait vibrer. Ce qui nous intéresse principalement, c'est de ne pas
s'en tenir à notre simple avis sur la question, mais de
collectionner de multiples témoignages pour les faire dialoguer et
en faire théâtre.
°°°
COMMENT NOUS HABITONS LES DIFFERENTS ESPACES DE NOTRE VIE
RONAN CHEVILLER
L'écriture
est faite de différentes étapes, chacune de ces étapes se formule
à travers des questions : observer les espaces que nous
habitons et regarder comment les espaces nous habitent. Ainsi, dans
les premiers temps, l'écriture avance à tâtons. Il est intéressant
à partir d'une question simple qui touche chacun (Comment nous
habitons les différents espaces de notre vie ?) de la partager,
de la confronter à d'autres sensibilités. Il n'est pas nécessaire
d'être dans une démarche d'écriture, car chacun à chaque instant,
note, formule, enregistre les impressions de son « être-là ».
Au cœur de la démarche se révèle la langue,
comme mode de communication évidemment, de dialogue et de
compréhension de soi et de sa place par rapport aux autres.
LA MAISON COMME UN ESPACE COMMUN
EMERICK GUEZOU
Il
y a , en ce qui me concerne, toujours ce petit moment d'appréhension
avant d'aller collecter les paroles. Je me pose la question de ma
fonction, ma légitimité [...] Quel est mon engagement d'artiste,
de citoyen dans tout ça ? Mes motivations ? Les
motivations des institutions... ? Et puis j'y vais, je m'en vais
parler aux gens ou plutôt à des personnes, pas des « habitants »,
des « communautés » (...), mais des hommes, des femmes,
jeunes, vieux, étrangers... La plupart du temps ils parlent. Souvent
beaucoup. Sans juger de l'intérêt de leurs propos, ce qui me
stupéfait, me rend joyeux et me fait oublier mes premières
interrogations, c'est cette soif de parler, de se raconter, cette
reconnaissance du fait qu'on va vers eux pour les écouter, sans à
priori.
Et
là c'est riche, émouvant, instructif, on voyage géographiquement
et à travers le temps, les générations. Ce n'est pas nous qui les
captivons, c'est eux qui nous captivent. Et là on se dit que les
espaces et les temps de paroles sont rares et que ce qu'on fait est
à la fois futile et essentiel, parce que loin de l'enfermement
globalisant de ce qu'on nomme « les gens », les
« populations », loin des clichés, des sondages...
Parfois, autour du micro se croisent des personnes qui je pense
auraient peu l'occasion de se croiser, tout comme moi d'ailleurs,
tellement nous vivons dans nos cercles culturels, professionnels,
sociaux. Parfois et même si ces personnes ne se sont pas croisées
physiquement, leurs paroles elles se croisent, se font échos, se
répondent.
Nous
ne « tissons » pas des « liens », ces liens
existent déjà, notre écoute peut, peut-être, à sa petite
échelle, faire que ces liens se resserrent. Faire que les paroles
circulent. Et puis, plus ou moins à notre insu, quelque chose
s'écrit, collectivement, un poème, une pièce de théâtre fait de
la parole, de la mémoire, des rêves de ces personnes croisées. Le
thème de la maison ? L'essence de ces paroles révèle une
maison comme un espace commun, ouvert. Elles parlent du quartier, de
la ville, de l'endroit où l'on vit, où l'on rêve de vivre. Ces
paroles « poussent les murs », elles s'échappent d'entre
les murs.
PREMIERES TRACES SONORES DE L'ENQUETE
"La maison qui marche sur l'eau" en direct de JET FM !
L'auteur
Ronan Cheviller a réalisé une émission invitant les
auditeurs à découvrir les diverses étapes de la recherche et de
l'enquête, des premiers travaux préparatoires à la collecte de
témoignages des habitants.
L'émission est ainsi composée de deux parties : Une première autour des lectures, écritures et improvisations menées par l'équipe artistique en amont de la collecte; une seconde autour des écritures produites à partir de l'interview des personnes rencontrées, des enfants aux adultes : « Les Récits du comté du Breil ».
L'émission
de deux heures alterne au final des lectures des comédiens de la
compagnie et des discussions avec les habitants invités. Une
sélection des enregistrements des interviews a de plus été
retravaillée par Anne-Laure
Lejosne, créatrice sonore, en vue de la réalisation de bulles
sonores : de courtes pièces radiophoniques, des montages
sonores qui ponctuent aussi le déroulement de l'émission.
Emission radio réalisée le
samedi 23 mai 2015 de 14h à 16h au studio de JET FM 91.2
[Centre socio-culturel de la Bernardière, St-Herblain]
[Centre socio-culturel de la Bernardière, St-Herblain]
En compagnie des habitant-e-s Sylvia Morin, Annie-Claude Sautegeau, Natacha Ruppenthal, Gisèle Grislhuver, Brigitte Alix, Jean-Jacques
Dejenne et Claude Cottineau; de Virginie Barthélémy, Emerick Guezou, Jean-Marie Lorvellec, Ronan Cheviller et Anne Neyens, du THéâTRe aMOk; Anne-Laure Lejosne de JET FM à la réalisation.
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